Mico et Vittoria produisent des figues de barbarie pour les Galline Felici, mais pas que. Ils ont peu à peu transformé leur champ de cactées en un petit paradis de biodiversité végétale, grâce aux incroyables pouvoirs de ce cactus…

Caudarella, les figuiers de barbarie de Mico et Vittoria


[MàJ  04/2023]  Revenir à Caudarella huit ans après – voir texte de 2015 ci-dessous – , et y revenir à la même saison est tout à fait stupéfiant ! Ce qui était promesse est devenue réalité… et une preuve aussi : l’agroécologie et l’agroforesterie ne sont pas des utopies, ça marche ! Même ici en Sicile intérieure, cela grâce aux étonnants pouvoirs du figuier de barbarie… Mico est par ailleurs responsable de la communication pour les Galline Felici.

La vidéo ci-contre date de fin 2020. Vous pouvez aussi consulter Les figuiers de Barbarie de Caudarella, pionniers des forêts du sud, article de Paulina Filipiak sur le site de Corto. Et en italien : Fico d’India, un tesoro sotto le spine (en italien le figuier de barbarie s’appelle figuier d’Inde )


Le conte s’est imposé pour s’accorder à la magie du lieu, mais attention, c’est une réalité !

« Il était une fois en Sicile un domaine abandonné planté de figuiers de barbarie. En héritèrent un jour une princesse et son prince (ou l’inverse), Vittoria et Mico. Lesquels tombèrent en amour de cette terre épineuse, nommée Caudarella. Si amoureux qu’ils décidèrent, à l’incompréhension de tous, de s’y installer. Car d’un désert d’épines ne peut venir ni gain, ni vie, disait-on. Nous ne cherchons pas ici à nourrir le monde, mais simplement à le comprendre, répondaient Vittoria et Mico.

Peu les comprirent, mais rien ne les arrêta. Ils se mirent dès lors à planter au beau milieu des cactées des pêchers, des amandiers, des légumes, des avocatiers et mille autres encore. Et ils passaient ensuite de longs moments à étudier les mystères des affinités végétales. Les années passèrent, ils devinrent peu à peu plus savants et peu à peu tout s’anima. Des lignes de figuiers s’étaient transformées en petites forêts, à leur ombre poussaient des framboises. Nul humain de la région n’avait vu des chênes croître aussi vite qu’ici. Ni tant d’oiseaux, petits et gros. Et chaque visiteur s’émerveillait du foisonnement de vie et de productions végétales de ce lieu. » (Cliquez les images ci-dessous pour en faire apparaître les légendes – 30/04/2023)


Avril 2015, première visite… Un coup de fil pour se donner rendez-vous en début d’après-midi et nous voilà dans la voiture de Mico. Il nous emmènera d’abord visiter le domaine de figuiers qu’il exploite. Puis nous mènera,  par quelque « strada wild » (= route peu carrossable, comme il nous en prévient), au bois de San Pietro (1), réserve naturelle forestière. Un mémorable enlisement de voiture plus tard (cette strada de sable était vraiment « wild » !) et la fin d’après-midi venue, nous finirons l’après-midi devant une granita alla mandorla dans le centre de Caltagirone, par ailleurs célèbre pour ses céramiques.

Passer un après-midi avec Mico, c’est être emporté par son irrésistible enthousiasme botanico-agro-écologique. Revenu en Sicile après quelques années de travail sur le continent, Mico semble connaître, comme des amis que l’on croise et salue, le nom de chaque plante – « goûtez cela : c’est de l’asperge sauvage ! » – et déborde de passions et de projets : la permaculture, un laboratoire de produits transformés bientôt terminé,  l’apiculture, la création de jardins potagers  – « c’est important que les gens puissent produire leurs propres aliments, la Sicile pourrait être auto-suffisante » – , la production de fertilisants bio, etc. etc.
Derrière le champ de figuiers, un grand terrain dans lequel Mico a planté peu à peu 250 variétés de plantes ou d’arbres fruitiers autochtones en Sicile, mais quasi disparues.  Et aussi quelques exemples de potagers esthétiques et productifs, ne nécessitant que peu d’apports en eau, grâce à une architecture en mini-terrasses circulaires.
Au milieu des figuiers paissent des vaches, plus exactement les veaux du voisin, car les plus grandes, malgré les épines, sont très friandes des figues de barbarie ! [Facebook : Fico d’india Caudarella]

↑(1) Le petit village de San Pietro, situé au milieu de la réserve, fut le cadre d’une incroyable histoire sicilienne dont voici une version romancée. En 1924, Mussolini y posa en grandes pompes la première pierre d’une cité-jardin modèle au nom de Mussolinia. Le projet n’arrivera cependant jamais à terme. Mussolini rentré sur le continent, les travaux ne démarrèrent jamais vraiment. On se contenta localement d’empocher l’argent et d’envoyer à Rome des photos de bâtiments neufs… prises en d’autres endroits d’Italie. Cette histoire a été racontée avec beaucoup d’humour par Andrea Camilleri dans Privo di titolo, (Sellerio, 2005) – traduction française : Privé de titre (Fayard, 2007)